Des forêts en danger

Avec un marché du bois devenu mondial, la gestion forestière est orientée pour produire des bois standardisés, de faible diamètre, issus d’un nombre très limité d’essences d’arbre à croissance rapide.
Ainsi une part grandissante de la forêt n’est pas gérée différemment qu’un champ agricole : plantation en monoculture, engrais et pesticides, mécanisation lourde et coupe rase précoce.

Cette standardisation de la gestion forestière appauvrit les sols, la forêt et l’expose à un risque sanitaire important face au changement climatique. Les bois font le tour de la planète au détriment de l’environnement, du climat et de l’emploi rural.

Des forêts transformées en champs d’arbres

Cette transformation entraine une modification en profondeur des paysages, de la qualité des rivières, de l’air et des sols.
Beaucoup de repères sont perdus : chemins de randonnées détruits, coins à champignon disparus, lieux de ressourcement chamboulés, ... La société civile a de plus en plus conscience de ce phénomène, l’attachement à la forêt est fort : nous avons besoin d’elle alors qu’elle n’a pas besoin de nous.

Des forêts considérées comme un placement financier

Face aux incertitudes du marché boursier, la forêt est devenue le "placement vert" par excellence. C’est le 3ème placement après l’immobilier et les marchés financiers.
Banques, assurances, fonds de pension... représentent seulement 2% des propriétaires forestiers mais possèdent 50 % de la surface des forêts françaises. Autrefois gérée de façon familiale, la forêt n’est plus aujourd’hui, pour certains, qu’un capital avec une rentabilité à court terme.

La situation forestière en France

Forêt : source d’eau et de captation du CO2
  • En France, 90% des zones de captage (source de l’eau potable) sont situés en forêt.
  • La moitié du carbone forestier est stocké dans le sol.
  • Les opérations mécanisées de coupe rase et de travail du sol (sous-solage notamment) entraînent des fortes libérations de carbone car les sols sont mis à nu brutalement. Dans une forêt gérée en sylviculture douce, le couvert forestier est permanent et le carbone du sol est préservé.
  • Plus les arbres sont vieux et plus la surface de leurs feuilles augmente. Les feuilles, par la photosynthèse, permettent de stocker du carbone dans le bois donc plus les arbres sont vieux plus ils stockent du carbone. Et pourtant on continue à couper des vieilles forêts !
Des forêts jeunes, trop jeunes
  • 80 % de la forêt française a moins de 100 ans, ce qui est jeune pour une forêt.
  • Un quart de la biodiversité forestière est lié au bois mort (le coléoptère Rosalie des Alpes, le scarabée pique-prune, le Ptilinus pectinicornis... vivent dans le bois mort), or ce bois mort est très peu présent dans les jeunes forêts. Cette biodiversité ne sait plus où loger dans les forêts récoltées entre 35 et 45 ans.
  • Les forêts diversifiées en âges et en essences d’arbres représentent 80% de la biodiversité terrestre.
De la diversité à l’homogénéité
  • La forêt française est d’une grande diversité, l’Inventaire forestier national y a recensé près de 200 essences d’arbres . Mais pour combien de temps ? 80% des plantations réalisées en France actuellement sont faites en monoculture, c’est à dire avec une seule essence.
  • 1 hectare de forêt stocke en moyenne 100 fois plus d’eau qu’un hectare agricole
  • Une cuillère à café de sol forestier contient environ un million de micro-organismes.
  • Dans une forêt diversifiée on trouve, en moyenne, 138 essences d’arbres en mélange, 73 espèces de mammifères, 120 espèces d’oiseaux, 30 000 sortes de champignons et insectes différents. Et dans les monocultures de résineux ?
Une filière qui emploie plus que le secteur automobile
  • La filière forêt-bois compte plus de 400 000 emplois répartis dans 100 000 entreprises (essentiellement en milieu rural). Ces entreprises coupent et transforment le bois pour la construction, le papier, la menuiserie, l’emballage, le chauffage, ... avec un chiffre d’affaire de plus de 23 milliards d’euros par an.
  • Et pourtant aucune mesure concrète n’a été prise par nos gouvernants en faveur de cette filière.
  • En 20 ans (1999-2019), la rémunération des bûcherons n’a pas évoluée : ils gagnent en moyenne 15 €/m3. On comprend mieux pourquoi ce métier n’attire pas plus de vocations.
La disparition progressive et silencieuse des scieries artisanales
  • Une scierie industrielle scie en un jour ce qu’une scierie artisanale scie en un an.
  • En France, une scierie artisanale disparaît tous les trois jours.
  • Cette disparition entraîne une perte de savoir-faire, d’emplois locaux et ne permet plus de valoriser la diversité des bois de la forêt française.
  • Les scieries industrielles sont adaptées aux bois résineux de petite taille et ont besoin d’une grande quantité de ces bois. Elles ne sont pas adaptées au bois des forêts françaises majoritairement feuillues, alors aujourd’hui on adapte la forêt à leur besoin.

Les engagements de Forêts en Vie

  • Laisser25 % de la surface des forêts en libre-évolution pour les laisser vieillir à leur rythme. Le choix de ces surfaces prend en compte leur intérêt écologique.
  • Favoriser la transparence et l’équité dans la rémunération des personnes intervenant en forêt pour améliorer leurs conditions de vie.
  • Interdire les coupes rases de plus de 0,5 hectare et ne pas couper plus de 30 % du volume de bois présent pour préserver toute la faune et flore liées à l’écosystème forestier.
  • Proscrire l’utilisation des abatteuses pour éviter le tassement des sols et protéger la microfaune qui y vit.
  • Refuser le dessouchage pour éviter la perte de carbone stocké dans les souches.
  • conserver en forêt les branches de 7 cm et moins de diamètre pour pérenniser la fertilité des sols.