Scions, scions, scions lou Boès...
Fin janvier, la forêt du Crouzet, à Chaudeyrolles, en Haute-Loire, a accueilli son premier chantier non-motorisé depuis que l’association Sous lou boès en a l’usage. Une petite parcelle d’épicéas plantée après une tempête à la fin des années 1980 a été éclaircie deux jours durant à coups de hache et de passe-partout.
Le but ? Donner de l’espace aux arbres les plus vigoureux pour grandir, laisser passer un peu de lumière jusqu’au sol et, ainsi, faire un premier pas vers une diversification des essences présentes dans cette partie de la forêt.
Si quelques bois ont été sortis pour alimenter un four à pain voisin grâce à une membre de l’association, également débardeuse, et ses chevaux, la plupart des arbres abattus ont été laissés sur place, dans le but d’augmenter la quantité de bois mort au sol et de mieux conserver l’humidité des étages inférieurs de la forêt.
Pourquoi donc un chantier sans tronçonneuses ni tracteur ? Si le rythme de travail est plus lent, recourir à des outils sans moteur a permis de s’affranchir, momentanément, du pétrole dont dépend habituellement la coupe de bois. Le rugissement de la tronçonneuse a ainsi été remplacée par les coups de hache, les indications précises données aux chevaux pour qu’ils décoincent un arbre pris dans les branches d’un autre, ou encore le glissement d’une scie maniée à deux pour, petit à petit, former une entaille.
Le silence relatif et l’absence d’objectif économique ont permis à chaque groupe de prendre le temps nécessaire pour choisir quels arbres privilégier, lesquels abattre pour favoriser les premiers et, enfin, apprendre les techniques qui permettent de le faire en toute sécurité. Certain·es ont choisi le détourage, pour que les arbres dépérissent sur pied plutôt que par terre, et accueillent ainsi des insectes et une faune spécifique.
D’autres ont souhaité valoriser les feuillus que compte la parcelle. D’autres encore ont prêté attention à la diversité, en taille comme en diamètre, des arbres présents, pour donner une chance aux plus prometteurs, même s’ils ne sont ni les plus gros ni les plus beaux. Rendez-vous dans quelques années pour voir les effets de ce premier chantier sur les arbres conservés et la régénération naturelle qu’un peu plus de lumière sur le sol pourrait activer.
En attendant, l’association Sous lou boès ne manquera pas de proposer d’autres occasions d’arpenter la forêt !
Photos : Marie Julliard - https://www.mariejulliard-photographe.fr/